Les Açores (Horta) – Espagne (Cadiz), 1 100 miles (12 – 22 juillet 2008)

Ca y est, la transat’ retour est bouclée, nous sommes bien arrivés sur le continent espagnol mardi 22 juillet à 16H, au port de Cadiz (Cadix en français !). La marina est moderne et très bien placée, proche de la vieille ville, magnifique et très animée. On craignait d’être assommés par les prix, ce qui n’est finalement pas le cas : la nuit est à 23 euros tout compris pour notre 35 pieds, raisonnable pour l’Espagne ensoleillée et la haute saison. Bon plan marina donc ! Il existe une autre marina de l’autre côté de la baie dans une zone industrielle, pratique pour faire des travaux mais assez cher, d’après ce que l’on nous a dit.
Alors, cette dernière étape transatlantique ? On se souviendra de cette dernière partie de traversée, plutôt très sportive !
Alain a quitté les Açores et a rejoint Serrières en avion, après avoir parcouru 5 000 km avec nous depuis Cuba, un mois de navigation durant. Merci à lui pour son coup de main à la barre, son égale bonne humeur à bord, son aide précieuse pour le bricolage en escale et ses délicieux desserts & viennoiseries qui nous ont réjouis le palet !

Nous avons quitté le bel archipel des Açores, samedi 12 juillet. Nous attendions un certain vent d’Ouest qui ne s’est jamais pointé… 1 jour ½ de moteur ont alors été nécessaires pour nous dégager de la pétole de l'anticyclone, avec au programme 2 baignades, au milieu des requins (non pas vraiment, c’était pour voir si vous suiviez !).

Ciao le bel archipel des Açores… et à une prochaine !
J’ai crawlé plus vite que le requin, trop fort !



Dimanche soir le vent a commencé à monter... et beaucoup plus fort que prévu : du vent d'Est-Nord-Est (et non Nord-Nord-Est comme prévu dans les fichiers météo...). Résultat : 25 nœuds de vent contre avec rafales à 30 ! Le bateau gîte et tape dans une mer démontée et croisée pendant presque 5 jours... On craint même pour la coque et on se confectionne des traînards pour volontairement ralentir les envolées d’Emilie dans les vagues, à 3 nœuds de vitesse : sur le même principe que l’ancre flottante en cas de tempête, on accroche 2 haussières avec à leur bout des pare-battages jetés dans l’eau à l'arrière du bateau. Avis à ceux qui comme nous naviguent sur un bateau léger en plastique, ces traînards sont très efficaces pour stabiliser la coque. On a 3 ris dans la grand voile et remplacé le génois par la trinquette à l'avant. Le cockpit se remplit régulièrement d'eau, le barreur vire rapidement à l'état de serpillière, d'autant que de nombreuses averses se succèdent. A l'intérieur, un vacarme assourdissant nous empêche de dormir et l’effet « machine-à-laver » nous donne un appétit d´oisillons. On commence un peu à fatiguer et on se résout au pire, au cas où notre petite embarcation ne supporterait pas la pression de kilos de flotte s’abattant sur elle et multiples secousses s’exerçant plus d’une centaine d’heures durant : nous avions préparé un sac étanche avec quelques affaires si on devait finir le voyage en canot de sauvetage !
Sympa cette petite croisière tranquille en amoureux !

On est également légèrement inquiets par l’état d’équilibre de notre mât… En effet, le bas-étai pourtant neuf (un des câbles en acier qui retient le mât...) se rompt net au niveau de la patte-crochet. En désespoir de cause, on frappe l’étai largable et une drisse tendue à fond à l’avant. On doit avoir de bons anges-gardiens, des « réparateurs de bateaux » par la suite nous ont dit que nous avions été très chanceux de pouvoir achever notre transat’ avec un mât entier… la partie supérieure aurait pu facilement céder…
Autres « petits bobos » : quelques poulies arrachées, la pompe de cale réparée par Nico par 4 m de creux…
Pas le temps de poser pour la photo, j’ai un immeuble de 4 étages d’eau à grimper dans quelques secondes… 5, 4, 3… Même pas peur ! (beuhhh, siiii !)






Le régulateur d’allure a été un bien précieux équipier… surtout que nous manquions d’énergie électrique à bord !

8 mm de diamètre d’inox cassé net… ça calme !
Y a plus personne sur l´eau, à part un bâtiment militaire portugais… et nous !










Puis vendredi, le vent se calme à 18 nœuds et tourne Nord-Nord Est, ce qui nous permet d’ouvrir les voiles : on navigue plus plat, on va plus vite et la vie à bord redevient... vivable !

On est contents de s'être sortis de ce coup de vent « contre et longue durée ». Dur physiquement et moralement... mais fait partie de l'expérience ! On sait qu’il y a pire : au même moment, une tempête tropicale sévissait à l’Est des Bermudes, où nous naviguions 2 semaines auparavant seulement… nous espérons que les voiliers « retardataires » sur la saison des cyclones auront pu se réfugier dans les îles (nous pensons à Dave et cet équipage anglais sympa croisé à Cuba qui arrivait pour visiter l’île au moment où nous en repartions…). Et puis l’ouragan Berta au large des USA et Canada rend les conditions de navigation abominables dans cette zone, en ce moment… Tout comme la vie, la mer n’est pas un long fleuve tranquille.


De nouveau gâtés par la splendeur de beaux couchers de soleil

Nos 2000 Km de navigation entre les Açores et le continent se terminent tranquillement cap 100° au portant, en direction du détroit de Gibraltar, à 5,5 nœuds de vitesse. La zone est très fréquentée par les cargos, notre radar (qui re-fonctionne pile poile quand il faut !) se révèle une nouvelle fois très utile, surtout qu’un brouillard à couper au couteau se lève la dernière nuit.





Ca défile jour et nuit. Ce cargo (chinois) nous croise très proche… il a dû voir notre pavillon français !



Mardi matin, en s’approchant du détroit, le vent tourne Est et monte à 20-22 nœuds, la mer se forme très vite sur le plateau au large du Cap de Trafalgar, zone connue pour être mouvementée car parsemée de hauts-fonds. Délicat de passer ainsi en mer Méditerranée, on décide de se dé-router vers Cadiz, où nous sommes sûrs de pouvoir être accueillis non loin d’un quai…


La suite : grand nettoyage et quelques réparations, selon les précieux conseils de Daniel et Danièle, voisins de ponton, qui ont toute leur vie réparé des bateaux ! Puis, apéro bien sympa sur le beau cata de Jean et soirée tapas & sangria… Après l’effort, le réconfort !
Notre petite Emilie a bien résisté, un bon petit bateau marin… qui a du caractère !

Nous partons vendredi direction Gibraltar, le vent passe Ouest, parfait pour passer le mythique détroit… enfin !

Le triangle des Bermudes... un mystère ? (juin 2008)

Redoutés par les navigateurs et certains aviateurs, le triangle des Bermudes intrigue. Naufrages successifs et superstitions entretiennent la légende d’une région hostile... Mieux vaut ne pas y penser lorsqu’on y passe !
Le triangle des Bermudes se situe dans la Mer des Sargasses, il est délimité par l'archipel des Bermudes au Nord, Puerto Rico au Sud et la péninsule de Floride à l'Ouest. Depuis 1800, on compte plus de treize disparitions de navires et avions dans la zone. Ces accidents à répétition ont créé et alimenté la légende. Deux notamment : le naufrage du voilier l'Albatros en 1961 et la disparition en 1945 de cinq avions de l'aéronavale américaine suivie de près par l'explosion en plein vol de l'avion de sauvetage envoyé sur les lieux. Deux phénomènes qui ont éveillé la curiosité des scientifiques et trouvé des réponses différentes.

Les récits des marins survivants sont semblables. Une mer calme, et tout un coup une immense tempête qui fait sombrer le bâtiment en quelques minutes puis le retour brutal à la normale. Les marins ont pour coutume de nommer ce phénomène le "grain blanc". Un phénomène surnaturel ? Non, nous dit la science. Le "grain blanc" est un vent très violent, ce que les climatologues appellent une rafale descendante. Ainsi, la chaleur des eaux marines monte dans l'atmosphère et forme un nuage : le cumulonimbus, qui est à l'origine des rafales. Des vents pouvant dépasser les 300 km/h disparaissent au bout de quelques minutes seulement. Le phénomène est déjà connu dans les terres et la disparition de l'Albatros montre aussi son existence en mer.

Et qu’en est-il de la disparition des avions ? L'explosion de l'avion, comme certains naufrages, est due à d'importantes remontées de méthane sous-marin. Les océans renferment une grande quantité d'hydrate de méthane. Ce dernier est stable, avec une température inférieure à 5°C, lorsqu'il est situé à plus de 500 mètres de profondeur. Le sol, même sous les mers, est en évolution constante et lors des séismes, il peut se craqueler et laisser s'échapper d'importantes quantités de méthane. L'air étant bien moins dense que l'eau, il remonte directement à la surface sous forme de bulles et crée ainsi de fortes perturbations mettant en péril les bateaux et leurs équipages. Mais une fois à la surface de l'eau, le méthane n'a pas fini sa course. Plus léger que l'air, il monte et gagne l'atmosphère. Parfois il arrive que le gaz rentre en contact avec le moteur d'un avion et s'enflamme, entraînant ainsi l'explosion de l'appareil.

Personnellement, je préfère la version “légende”, entretene par quelques marins “dérangés” par la solitude de la mer ou le rhum, plutôt que la version “sérieuse” du “Triangle des Bermudes”, fondée sur des phénomènes atmosphériques et géologiques démontrés scientifiquement... ça fait froid dans le dos !

Les Bermudes (14-18 juin 2008)

Un peu d´histoire... L'archipel des Bermudes doit son nom au navigateur espagnol Juan Bermudez qui le découvrit en 1503. Des Anglais y établirent des bases dès 1609 à la suite d'un naufrage et fondèrent la première capitale Saint-George’s. Les premiers esclaves furent emmenés d'Afrique en 1616 et la colonisation anglaise officialisée en 1684. L'archipel est devenu britannique en 1707 et reste aujourd’hui un territoire d'outre-mer autonome du Royaume-Uni.

Drapeau des Bermudes = Drapeau anglais et dans le coin droit figure le blason du pays, à savoir un lion tenant un bouclier où est représentée l'épave du Sea Venture, bateau des premiers arrivants sur l'archipel en 1609.


Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Bermudes devinrent une importante base militaire du fait de leur position dans l'océan Atlantique. En 1941, les États-Unis passèrent un accord avec le Royaume-Uni. En échange de la cession de destroyers américains, les Britanniques concédaient aux Américains, pour une durée de 99 ans, un terrain dans le but d'y établir des bases militaires aériennes et navales. À partir du 1er septembre 1995, les deux bases américaines cessèrent de fonctionner ainsi que les bases britannique et canadienne.


L’économie du pays était jadis fondée sur les exportations agricoles, vers les Etats-Unis. Au XXème siècle, les Bermudes développent le commerce international et le tourisme, une destination devenue très à la mode pour les riches touristes britanniques, américains et canadiens. Les Bermudes sont aussi un paradis fiscal. Des millionnaires américains sont des résidents bermudians. L’archipel est connue dans le monde de la finance pour leur système concernant les société d'assurance et de captive de réassurance.


Quelques chiffres qui feraient rêver n’importe quel Chef d’Etat : 5% de taux de chômage, un PIB / habitant le plus élevé de la planète (69 900 $ !) et 3% de croissance par an. Et au fait qui est cet heureux Chef d’Etat ? Elisabeth II d’Angleterre ! Puis, un gouverneur et un 1er ministre gèrent les affaires du pays : respectivement Sir John Vereker et Ewart Brown.

Un peu de géographie… Les Bermudes sont un archipel d'Amérique du Nord : ils se composent de 123 petites îles de corail, dont les 4 principales sont reliées par des ponts, c’est assez original à voir ! Malgré cela et chacune des îles étant relativement petite, la densité de population est très élevée : 65 773 habitants se répartissent sur 53 Km², ce qui donne une densité de 1 234 hab./km². En effet, il semble que la moindre parcelle de terre ait déjà été exploitée et qu’il n’y ait plus beaucoup de place pour quelques constructions neuves...



Avant de partir pour la visite de l’île, une petite devinette : d’où vient le mot « bermuda » ? Les enfants, le saviez-vous ? Le mot bermuda est dérivé du nom des Bermudes où les policiers britanniques portaient ce short qui descendait jusqu'aux genoux. Aujourd’hui, le bermuda reste l’uniforme pour certains employés, complété de grandes chaussettes qui montent jusqu’au genoux, comme les footballeurs !


Nous avons découvert l’île… en scooter, prêté généreusement pour la journée, par un bateau voisin, John et Kate. C’est en effet l’idéal pour visiter l’archipel et le mode de transport n°1 ! Attention, on roule à gauche !


Aux Bermudes, c’est bien sûr casque obligatoire et arrêt sur des parkings spécial scooters





Il est très agréable de sillonner sur de petites routes tracées sur des bras de terre étroits et des ponts qui les relient. La mer est souvent présente aussi bien à sa droite qu’à sa gauche !








On est éblouis par les paysages côtiers qui alternent plages de sable fin et petites criques rocheuses… on est obligés de s’arrêter tous les 100 mètres pour prendre des photos !







Impossible de louper la baignade de la journée : de vastes plages ventées nous accueillent, l’eau turquoise scintille, le sable est de tout confort et d’un blanc parfait. On y trouve cependant très peu de coquillages ?!

Alain semble particulièrement apprécier sa baignade !







Sur la route, on peut aussi admirer les maisons colorées aux toits blancs et plissés : ce sont des récupérateurs d’eau ! La pluie ruisselle dans la gouttière puis glisse dans un tuyau vertical qui rejoint un réservoir situé en sous-sol. Esthétique et sioux, non ?!


Et on serait heureux d’être invités dans certaines de ces propriétés !












On peut visiter la capitale, Hamilton (où habitent Cécile et sa famille !), jolie ville où il fait sûrement bon vivre et où de sacrés paquebots débarquent leur flot de touristes.




Il y a une tradition de voile mais aussi beaucoup de bateaux à moteur, sans doute plus manœuvrables au milieu des bancs de corail et pour accéder aux charmantes petites criques…



Bref, l’archipel est très anglais : aucun papier par terre à signaler, jolies maisons proprettes et jardinets bien entretenus, autochtones très polis et très disciplinés… peu de place pour la fantaisie ! Vous pouvez laisser votre bateau ouvert, votre scooter non cadenassé, ou vous pouvez circuler votre sac à main, posé sur votre porte-bagage arrière, il ne vous arrivera… rien ! Partout, on voit des panneaux « no… » : « no entry », « no parking » ou encore « no loitering » (“ne pas traîner ici” !).

Après notre séjour au Venezuela, on a bien apprécié de pouvoir circuler la nuit sans méfiance, et après celui de Cuba, de ne voir apparemment que des « riches » dans des voitures neuves ! Très agréable séjour donc, mais un peu court… la vie sur place est très chère. La monnaie locale est le Dollar des Bermudes, équivalent au Dollar américain… malgré un taux de change favorable, tout nous semble « hors-de-prix » !

Je vais te remettre de l’ordre dans tout cela !



Nous avons fait escale à Saint-Georges (ci-dessous, les restes d’une cathédrale, son golf… et sa mairie !). Le mouillage est vaste et agréable dans sa grande baie. Nous avons choisi de conduire Emilie dans la seule petite marina de la ville (5 places !), car quelques séances de bricolages étaient encore nécessaires : démontage des winchs (qui nous permettent de border efficacement les voiles) et reproduction d’une pièce en bois du régulateur d’allure qui s’est cassée en route… La maison voisine de la marina a très généreusement proposé à Alain et Nicolas de venir profiter de leur matériel de bricolage : perceuse à colonne, scie à rubans, tour, etc. Séverine rencontrait de son côté en ville Carol et John, un couple de retraités très sympathique, qui l’ont invité à venir prendre un café. On a été épatés de cet accueil !





Ambiance très sympa aussi dans la marina : l’équipage du gros bateau à moteur de luxe nous a conviés à un barbecue dès le soir de notre arrivée et nous a permis de visiter cet hôtel 5 étoiles flottant. Il appartient à un millionnaire américain qui produit des films à Hollywood. L’équipage australien (une dizaine de personnes !) le convoie jusqu’en Espagne où son propriétaire souhaite prochainement naviguer. La visite fût très impressionnante…

















Invitation à un barbecue par un équipage australien, prêt du scooter le lendemain par nos voisins américains, quel accueil !