Le Vénézuela - Histoire (24 mars)

Le Venezuela est une république fédérale d'Amérique du Sud connue pour sa biodiversité et sa beauté naturelle. Selon la légende, Christophe Colomb, en débarquant au Venezuela en 1498 lors de son 3ème voyage, fut tellement épris par le paysage qu'il l'appela Tierra de Gracia (Terre de Grâce), qui est devenu le surnom du pays.

Les enfants, connaissez-vous le drapeau du Venezuela ? Le voici, ainsi que la signification des couleurs : le jaune représente les richesses du pays, le bleu symbolise la mer séparant le pays de l'Espagne, le rouge rappelle le sang versé par le peuple durant la guerre d'indépendance pour la liberté; les 8 étoiles en arc de cercle représentent les 8 provinces.
Chaque année depuis 1963, le 12 mars célèbre la « journée nationale du drapeau ».
Un peu d’histoire, de politique et d’économie, le tout étant fortement mêlé… La République bolivarienne du Venezuela est un pays de la côte nord de l'Amérique du Sud.
À l'origine, le territoire de l'actuel Venezuela était habité par plusieurs peuples, dont des Caraïbes, des Arawaks et des Cumanagotos.
C'est au Venezuela que les Espagnols fondent leur première colonie permanente d'Amérique du Sud. Il s'agit de Nueva Cadiz créée en 1528 et en 1556 le Venezuela est rattaché à la couronne espagnole. Les habitations des autochtones añu construites sur pilotis inspirent aux premiers explorateurs européens le nom de Venezuela, c'est-à-dire «Petite Venise».





Les "restes" de la ville de Nueva Cadiz sur l'île de Cobagua, au large de laquelle nous avons mouillé




Le plus grand mouvement pré-indépendantiste est celui de Francisco de Miranda. Après avoir participé à la Guerre d'Indépendance des États-Unis et à la Révolution Française, Miranda, avec l'appui de l'Angleterre et des États-Unis, part de New York en 1806.
Le débarquement sur les côtes vénézuéliennes échoue car les bateaux espagnols lui livrent bataille. Il doit fuir vers Trinidad. Malgré deux autres tentatives en 1806 et 1810, l'indépendance ne se concrétise pas et le pays reste sous la domination espagnole.
Neuf ans plus tard, Simon Bolivar (surnommé El Libertador), mène une nouvelle armée et inflige une sévère défaite aux loyalistes (bataille de Carabobo). Le 17 décembre 1819, il proclame la République et vote la constitution d'un nouvel état appelé "Gran Colombia", la Grande Colombie. Le pays comprend le Venezuela, l'Equateur et la Colombie actuels. Il réalise enfin son rêve en créant un état fédéré et indépendant. Elu président de Grande Colombie, il met un terme à son activité politique en 1830 lorsque le pays se morcelle en trois avec la République de la Nouvelle-Grenade (la Colombie), l'Equateur et le Venezuela. Il avait en effet l’ambition que la Grande Colombie devienne une importante confédération politique et militaire regroupant l'ensemble de l'Amérique latine.
Simon Bolivar, son vrai nom (version longuissime !) est Simón José Antonio de la Santísima Trinidad Bolívar y Palacios
Avec l'argentin José de San Martín, Simon Bolivar est une figure emblématique, de l'émancipation des colonies espagnoles d'Amérique du Sud. Il est aujourd'hui une icône politique et militaire dans de nombreux pays d'Amérique latine et dans le monde : il donne son nom à un très grand nombre de places, de rues ou de parcs (cf à Paris, la station Bolivar sur la ligne 7bis du métro, ainsi que son avenue dans le 19e ardt !). On trouve des statues à son effigie dans la plupart des grandes villes d'Amérique hispanophone, mais aussi à New York, Lisbonne, Londres, Le Caire, Tokyo, Québec. Son nom est aussi celui d’un État du Venezuela, d’un Département de la Colombie et d’un pays, la Bolivie… la monnaie nationale du Vénézuela est également… le Bolivar ! Bref, un homme qui a marqué son temps, par ses idéaux et son action en faveur de « la liberté, l’indépendance, la dignité des peuples et le renforcement de la solidarité entre nations ».
Au début du XXème siècle, le Venezuela est dirigé par des gouvernements militaires qui promeuvent l'industrie pétrolière. La découverte de réserves de pétrole amène en effet le Venezuela à passer d'une économie basée à 96% sur le cacao et le café, à une économie pétrolière.
De 1908 à 1958, le pays est dirigé par une succession de dictateurs militaires qui accèdent au pouvoir par coup d’Etat : Vicente Gómez, dit le barbare, Eleazar López Contreras, Isaías Medina Angarita, Rómulo Betancourt, en enfin Marcos Pérez Jiménez.

La chute de ce dernier en 1958 donne lieu au Pacte de Punto Fijo, qui précise le nouveau système politique. Les gouvernements sont alors élus démocratiquement, issus de trois principaux partis politiques. Le développement se construit autour des bénéfices de l'exploitation du pétrole vénézuélien et du libéralisme, créant d’importantes disparités sociales.

La population n’en restera pas un témoin passif… Pendant deux jours, les 27 février et 28 février 1989, le peuple se soulève à Caracas et aux alentours, suite à une explosion des tarifs, notamment des transports en commun. Le 2e jour, le président Carlos Andrés Pérez déclenche le Plan Avila et envoie l'armée contre la population révoltée, tuant entre 300 et 3000 personnes suivant les sources.
En 1992, dans un pays où les couches populaires sont ruinées, se produisent deux tentatives de coup d'État (en février et novembre), dont l'une dirigée par Hugo Chávez, un ancien militaire. En 1998, élu président démocratiquement, Hugo Chávez, essaie de rééquilibrer le rapport entre classes riche et pauvre. La constitution vénézuélienne, inspirée des principes de Simón Bolivar est votée par référendum le 30 décembre 1999. En son honneur, le pays est renommé officiellement República Bolivariana de Venezuela.
Chavez met en place des programmes d'alphabétisation des classes les plus pauvres, un système de démocratie participative, afin de mettre à contribution la population pour trouver localement des solutions, distribue 3 millions d’hectares de terres non cultivées aux paysans les plus pauvres. De nombreuses structures coopératives sont développées, des médias locaux associatifs naissent, et les services de nombreux médecins cubains (le gouvernement cubain forme plus de médecins que son système de santé n'en nécessite) sont "échangés" contre du pétrole pour améliorer rapidement le système de santé qui en a fort besoin.

Les réformes mises en place par le gouvernement Chavez visent également à une socialisation partielle de l'économie : l’objectif est de faire du Venezuela une société socialiste bolivarienne, indépendante des Etats-Unis, qui restent cependant le principal client pour le secteur stratégique des hydrocarbures. Cela explique le rapprochement avec Cuba.

La nationalisation du secteur des pétroles est un choix aussi idéologique que stratégique. La ressource, dont les réserves de la région du fleuve Orénoque sont énormes, représente 30% du PIB et 85% des exportations. Les secteurs des télécommunications et de la production d'électricité ont également été nationalisés. Les sociétés refusaient par exemple d'investir dans des régions jugées peu rentables…
De nouvelles lois sont ainsi rédigées concernant la réforme agraire, la banque centrale, l'exploitation d’hydrocarbures (gaz, pétrole), la fiscalité, le contrôle de monnaies et devises, etc.
Résultat de toutes ces mesures ? Selon les chiffres de la BCV (Banco Central de Venezuela), entre 1999 et 2005, la pauvreté baisse de 42,8 % à 37,9 %, le taux d'extrême pauvreté de 20,6% à 9,4%, plus de 1 250 000 habitants sont alphabétisés. Le PIB par habitant passe de 5 500$ à 8 500$ entre 1999 et 2008 (estimation), selon le FMI.
Cet essai de « ré-équilibrage » des richesses ne plaît pas à tout le monde… L’opposition tente un coup d'État le 11 avril 2002 et renverse le gouvernement pendant moins de 48 heures. Ce putsch est appuyé par les médias privés du pays, le FMI et le gouvernement des Etats-Unis… La population descend massivement dans la rue, ce qui est occulté par les médias putschistes, et le lendemain, Hugo Chávez retrouve le pouvoir. Il entame un dialogue, rejeté par l'opposition antichaviste, qui qualifie quant à elle ce régime de « démocratie absolutiste ».
Le gouvernement d'Hugo Chávez porte plainte, en mars 2004, auprès de l'Organisation des États Américains (OEA) contre le gouvernement de Washington, pour son soutien au putsch de 2002, affirmant avoir de nombreuses preuves de sa complicité.

Quelques mois plus tard, une grève massive est organisée par les patrons et les hauts fonctionnaires de la Pdvsa (Petróleos de Venezuela), principale compagnie de pétrole du Venezuela. Cette grève est un échec, suite à la résistance passive de la plus grande partie de la population, elle se traduit par le licenciement punitif d'un très grand nombre de cadres. La méthode est pour le moins autoritaire et expéditive…

Le 15 août 2004, Hugo Chavez est conforté dans son rôle de Président de la république à l'issu d'un référendum qu'il remporte avec près de 60% des voix. Chavez reçoit également le soutien de plusieurs pays latino-américains tels que Cuba, l'Argentine et le Brésil alors que les tensions augmentent entre le président du Venezuela et celui des Etats-Unis.
Le 30 juin 2005, Hugo Chávez signe un accord pétrolier entre le Venezuela et 13 pays des Caraïbes. D'autres accords sont signés par la suite avec Cuba et avec le Mercosur qui regroupe l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et la Bolivie. Depuis, un contrat aurait même été conclu avec l’Iran…

L'envers du décor... L'économie capitaliste vénézuélienne n'a pas été révolutionnée dans sa totalité. La famille Chavez se signale par son énorme fortune et son train de vie. Les classes moyennes qui s'appauvrissent (comme en Argentine, du fait entre autre d'une inflation à 17%) rendent le président responsable de la crise et forment la masse des manifestants anti-Chavez.
Des français expatriés au Venezuela depuis quelques années parlent eux, d’une « dictature de gauche ».

Et les troubles de la vie quotidienne restent nombreux : conflits liés à la drogue et augmentation de sa consommation, surdépendance vis-à-vis de l'industrie pétrolière et des fluctuations de sa valeur sur le marché alors que le pays recèle de nombreuses richesses agricoles inexploitées (le cacao, etc.), exploitation minière anarchique et outrancière, qui met en danger la forêt tropicale et les populations indigènes, dette extérieure importante et pression de l'OMC, volonté de la Colombie de renverser le gouvernement vénézuélien, grâce aux paramilitaires et à l'appui des Etats-Unis, conflit entre la bourgeoisie et les classes populaires..
Bref, le défi politique et économique et social reste important…

En janvier 2007, Hugo Chavez a annoncé vouloir réformer en profondeur la constitution, afin d'aller vers la création d'une "République socialiste du Venezuela ".
En pratique, il a demandé et obtenu des pouvoirs spéciaux qui grâce à une « loi d'habilitation révolutionnaire » lui permettent de gouverner par décrets sans passer par le Parlement, dans les prochains dix-huit mois à partir du premier janvier 2007. Ces pouvoirs spéciaux sont limités aux thèmes sociaux (recentralisation des ministères de la santé, du logement et de la sécurité alimentaire), à la réforme agraire (distribution de toutes les terres non ou mal exploitées à des coopératives) et à la récupération par achats des services publics et industries stratégiques, privatisées dans les dernières décennies (électricité, eaux, télécommunications, industrie pétrolière et minière : fer, aluminium or et diamants). Ce programme est déjà en marche depuis un an, avec des répercussions variées : très critiqué par les grands propriétaires terriens dans le domaine agricole ; dans l'industrie pétrolière, les partenaires commerciaux étrangers doivent désormais se contenter d'une participation minoritaire dans toutes les sociétés, y compris le français TOTAL-FINA.