Les Baléares, Espagne (11 – 26 septembre 2008)

Un peu d’histoire… La présence humaine aux Iles Baléares remonte à la préhistoire. On a retrouvé des tombes et traces d'habitations datant du néolithique, soit 6 000 à 4 000 ans avant Jésus-Christ. L'île fut occupée par les Carthaginois avant d'être conquise en l'an 123 avant J.-C. par Quintus Caecilius Metellus - qui reçut le surnom de "Balearicus" - et de passer sous l'autorité de Rome. La période romaine fut favorable. L'économie reposait sur la culture de l'olivier, de la vigne et sur la production de sel.
Il exista entre 1276 et 1344 un royaume de Majorque indépendant, aux mains d'une branche cadette des rois d'Aragon. Depuis 1978, l’archipel est une communauté autonome de l'Espagne.


Un peu de géographie… L’archipel des Baléares (en catalan les illes Balears) comprend 5 îles principales : Majorque, Minorque, Ibiza, Formentera et Cabrera, ainsi que quelques îlots.


L’île de Majorque couvre presque 75 % de l'étendue de l'archipel. La population totale est de 796 483 habitants (1998). Au plan géolinguistique, les îles Baléares se situent dans l'aire catalane, ensemble avec les régions de Valence (Pays valencien) et Barcelone (Catalogne). Le catalan est ainsi la langue co-officielle, la variante locale du catalan étant le baléare.


Les Baléares n'émergent de leur marasme économique qu'avec l'arrivée du tourisme, dans les années 1950. Malheureusement, les promoteurs et les autorités locales n’ont pas fait dans le détail : des tours de béton se sont élévées, les unes à côté des autres… La soudaine urbanisation à outrance des îles et le bétonnage anarchique des côtes des années 60s ont profondément dégradé leur environnement naturel et leur écosystème.


Face à une chute de la fréquentation depuis 2000 dans les îles espagnoles, une reconquête des touristes a été lancée. En 2002, une écotaxe payée par les visiteurs devait servir à réhabiliter des zones touristiques et protéger les espaces naturels. Quelques ensembles de béton sont détruits, remplacés par des jardins, rues piétonnes, pistes cyclables. Des espaces naturels sont restaurés. Une ligne de chemin de fer, abandonnée dans les années 1970, est remise en état. Des propriétés, achetées et restaurées, deviennent des refuges pour randonneurs. Pour des raisons politiques, l'écotaxe a été abandonnée.
L'archipel accueille chaque année environ dix millions de touristes, dont 20 % d'Allemands. Ces derniers investissent dans des résidences secondaires qui deviennent ensuite des lieux de retraite pour une partie d'entre elles.


Deux jours et une nuit de navigation suffisent pour rejoindre l’archipel, en partant de Cartagena. Gérard et Dominique, rencontrés à Cartagena, nous avait conseillé de mouiller au large de l’île de Formentera, au décor un peu plus sauvage que les autres. Après de nombreuses heures de moteur, nous avons profité d’un bon flux d’ouest pour mettre les voiles et nous diriger directement vers Ibiza. Ce sera pour une prochaine fois !

La population d’Ibiza compte 80 000 habitants dont 30 000 habitent sa capitale, du même nom. En 654 av. J.-C., les Phéniciens fondent un port, qu'ils nommèrent Ibossim, pour les nécessités du commerce de vin, de marbre et de plomb.



Nous décidons de jeter l’ancre dans la grande baie de Talamanca, à côté du port, où il vous en coûtera plus de 120 euros / jour d’amarrer votre bateau au ponton… sans l’eau ni l’électricité bien sûr !



Comme vous le savez, chers lecteurs assidus de Gala, Voici, ou autre magazine distrayant, Ibiza est réputée pour ses fêtes estivales, lourdement rythmées par de la musique électronique. Ibiza accueille les meilleurs DJ du moment et a été promue capitale mondiale des discothèques. Parmi les plus connues figurent le Pacha, l'Amnesia, le Privilège ou encore le Space. Si vous n’êtes pas encore tout à fait rassasiés de musique techno et qu’il vous reste encore de nombreux euros, les "after" prennent la suite des "boîtes de nuit" vers 7h du matin (le plus célèbre est Le Space). Pour les « couche-tôt », Ibiza a aussi crée les "before", des bars-boîtes ou la fête commence au coucher du soleil jusque vers 1h du mat’ (le plus célèbre est Le Cafe del Mar). Les discothèques ouvrent leurs portes tard dans la soirée et commencent à se remplir dès 2 h du matin. Le Privilège est la plus grande discothèque du monde, avec une capacité de plus de 10 000 personnes. A 50 euros l’entrée, on s’y est précipités ! Voilà, vous savez tout pour organiser vos prochaines vacances, entre plage bronzette et nuits blanches, à partager avec de nombreux jeunes anglais !


En aparté et pour info, l'implantation massive de discothèques a amplifié la criminalité (dans les Baléares double de la moyenne espagnole), notamment le trafic de drogue. Depuis quelques années, Ibiza est notamment réputée pour être la plaque tournante du trafic de cocaïne en Europe.


Ce n’est donc pas dans les boîtes qu’on est allés faire les « kékés », mais dans la grande baie où Emilie était au mouillage. Le moteur de notre petit zodiaque orange, façon eigthies, est tombé en panne. On a donc dû pagayer fort et même très fort, avec 20 nœuds de vent contre et de jolis vagues. Les bateaux autour de nous et les touristes en pleine opération bronzage ont apparemment bien apprécié le spectacle !



Une fois séchés et présentables, nous avons laissé avec plaisir dinghies et pagaies sur la plage et avons rejoint à pied le centre-ville. En chemin, nous constatons que de certains immeubles modernes des années 70s ne semblent déjà pas vieillir très bien. De nombreux appartements sont à vendre. Nous avons bien apprécié le vieux centre-ville fortifié, qui a gardé tout son charme. Nous n’avons pas visité l’île mais avons fait un autre mouillage très agréable, dans la nature, à Cala de Boix. Il semble qu’à Ibiza, subsistent de nombreuses petites calanques, appelées « cala », relativement tranquilles, en particulier quand les gros bateaux à moteur rentrent au port le soir.





Nous atterrissons à Majorque, après une journée très intéressante de moteur contre le vent, qui n’était pas celui prévu par nos fichiers météo, ahh la Méditerranée… les modèles mathématiques de nos savants météorologues n’arrivent pas à suivre !


Majorque est l’île touristique par excellence : environ 93 % de son produit intérieur brut provient du tourisme, développé à partir des années 1960. Pour les Allemands, Majorque est l'un des principaux lieux de villégiature européen, ce qui a valu à l'île le surnom ironique de dix-septième Land.



7 % des résidents permanents de l'île sont des Allemands.



Majorque est aussi malheureusement synonyme de tourisme anarchique, poussé par une urbanisation de masse. Depuis quelques années, cette « baléarisation » est de plus en plus contrôlée par le gouve
rnement désireux de protéger son patrimoine et sa culture.
De nombreuses zones ont été décrétée Réserves naturelles, préservant ainsi le littoral d’un désastre écologique.




Quelques maisons remplacent les immeubles et le résultat est plus heureux






Nous avons mouillé à Santa Ponça, puis au large de Colonia de San Jordi, deux villes que nous avons trouvé très artificielles, où on pourrait organiser un concours de l’immeuble le plus laid, où vous avez le choix entre des magasins de souvenirs qui vendent tous la même chose ou des restaurants, dont les menus sont chers et identiques. Pas la peine d’essayer de trouver un bon petit bar à tapas, cela n’existe pas ! Quand vous entrez dans un magasin, on s’adresse à vous directement en allemand et de nombreux employés viennent d’Allemagne. Rien de mieux pour se sentir chez soi… Un touriste est d’ailleurs venu nous expliquer où accrocher notre zodiaque, sur le ponton derrière SON hôtel, ponton qui après information s’avère bien être public et à destination des embarcations nautiques. Surprenant et « une première » en 10 mois de « baroudage » !

A Santa Ponça, monument construit en hommage aux Espagnols venus déloger les Maures de l’île



Joli coucher de soleil… qui n’a pas été colonisé par l’Homme !



Nous avons peu de photos souvenirs du béton de Colonia de San Jordi, juste de ses impressionnantes montagnes de sel

Pour tenter de retrouver un peu d’authenticité, nous avons loué une voiture et avons circulé en direction de petits villages sympathiques. Première halte à Campos pour quelques photos d’un habitat plus traditionnel.





Puis halte au petit marché de Llucmajor.








Soller est une jolie petite ville, très visitée, située sur la côte nord-ouest de Majorque. Vous pourrez remonter le temps, à bord d’un petit train rénové, datant de 1912. Il relie les villes de Palma à Soller, dans un décor très méditerranéen, sympa à faire avec des enfants !











Puis un petit tour dans les montagnes, au nord, relativement peu habité. On peut faire une halte méditative au Monastère de Lluc, dans la Vallée de la Sierra del Norte. C’est le premier lieu de pèlerinage de l’île, où l’on peut voir la madone noire « La Morenata », patronne de Majorque. Historiquement, un jeune berger avait trouvé une statue de madone à cet endroit. Plus tard, on y construisit une chapelle, puis une église et enfin le monastère.







Au centre de l’île, vous trouverez le même type d’escale sur le site de Randa. Trois monastères y ont été fondés au XIIIème siècle et la vue sur l’Ouest de l’île est très dégagée. Cette montagne à plateau peut être un lieu de randonnées intéressantes. Dans le jardin du monastère le plus haut perché, Santuari de Nostra Senyora de Cura, édifié en 1275, se trouve une statue du martyre et héros national de Majorque, Ramon Llull. Il a fondé sur l’île une école réputée de langues et de théologie.







Autre escale d’intérêt : les caves ! Nous nous sommes arrêtés au domaine viticole de José L. Ferrer, près de Binissalem. La dégustation de vin est payante… Comptez entre 1,5 et 3 euros le petit verre… trop commercial… nous sommes partis en courrant !

Pour finir sur une note positive, on peut admirer de nombreuses et jolies éoliennes, tournoyer sur l’île au gré du vent…





Cap sur Minorque, après une grande journée de navigation, à fond travers au vent, belles sensations, ça faisait longtemps ! Chanceux, nous sommes arrivés au port de Maó une vingtaine de minutes avant que l’orage déchire le ciel de ses éclairs et nous envoie pluie & forts embruns marins.






Ca c’est du costaud, on va peut-être le laisser passer ?!



L’île de Minorque (Menorca en Catalan et en espagnol ; du latin Balearis Minor) prend son nom du fait d'être plus petite que l'île de Majorque.

Sa ville principale est Maó (ou Mahón) d’où viendrait la sauce mayonnaise !
L’exemple de Minorque prouve que business et développement économique de l’île ne sont pas incompatibles avec respect de l’environnement et de l’identité des autochtones… Et semble être une stratégie plus « durable » pour attirer les touristes.
Ainsi, le joli port de Mao a gardé tout son charme : les petites maisons blanches, bordées d’eau scintillante, se mêlent aux palmiers élancés dans un ciel presque bleu.















Derrière le port, on peu déambuler dans de petites rues enchevêtrées et parfois un peu abruptes. Le musée de Minorque est installé dans un ancien couvent, de style baroque construit au XVIIIème siècle. Il est consacré à l’histoire de l’archipel. Il est très pédagogique : film, objets de nombreuses époques retraçant les divers modes de vie et peintures. Ne pas manquer le beau cloître au RDC.







De Mao, il est facile de prendre un bus et de sillonner l’île. Nous avons bien aimé Fornells, ancien village de pêcheurs. Le mouillage semble bien abrité. Avec un peu plus de lumière, les photos auraient donné un meilleur résultat !














De petits immeubles s’adaptent bien à l’habitat local


Certains bâtiments sont même osés !








Pour les amateurs de randonnée, une très belle ballade à pied est possible le long du littoral sud ouest. En bus, vous vous faites déposer à Ciutadella, que vous pouvez au passage visiter. Puis, un autre bus s’arrêtera de complexe touristique en complexe touristique, et oui, il y en a tout de même quelques uns ! Il déposera son flot de touristes sur les plages. Un peu après la Platja de Son Xoriguer (arrêt n°406 très exactement !), vous pouvez descendre et retrouver le chemin côtier. Il vous faudra 5h – 6h pour rejoindre votre objectif : la Cala Galdana.




Nous nous sommes régalés devant ces paysage typiquement méditerranéens et parfois très rocailleux. De nombreuses calanques restent sauvages et doivent être très agréables à venir visiter en bateau, lorsque la météo le permet ! De même, à faire une prochaine fois !
Les paysages restent à l’état brut… l’Homme se sent dans une telle communion avec la nature que certains vacanciers en oublient même de mettre leur maillot de bain ! En effet, le naturisme est autorisé sur un grand nombre de ces petites plages isolées.











Ces petits sacs en plastique "pendouillant" des arbres nous ont bien intrigués, que sont-ils, que font-ils ?


De retour à Mao et avant de partir, ne manquez pas de goûter le fromage local, il y en a pour tous : pâtes molles, dures, senteur douce ou qui arrache le palet… comme Séverine l’aime !
Il est temps pour nous de repartir et de boucler notre boucle maritime… toutes les bonnes choses ont une fin… Peut-être qu’après la beauté sauvage des îles du Vénézuela, on devient difficiles… En derrière escale, l’archipel des Baléares ne nous aura pas laissé un souvenir impérissable, notre visite sans doute un peu « polluée » par un fort vent contre, quelques soucis administratifs… et la pluie !!





Ca faisait longtemps qu’on ne vous avait pas fait le « coup » du coucher de soleil !


Après 3 jours, 2 nuits de navigation et quelques orages, nous arrivons à Port Saint-Louis du Rhône… où nous comptons préparer Emilie à se transformer en péniche ! En effet, c’est par fleuves et canaux que nous souhaitons rejoindre Tancarville, non loin du Havre… Une belle façon de découvrir la France, nous a-t-on dit, de vivre une nouvelle expérience… celle de marins d’eau douce et d’éclusiers ! A suivre.


Ca y est, Port Saint-Louis du Rhône et ses nombreux pêcheurs du dimanche, cette fois-ci ça en est terminé de notre aventure maritime… on garde le sourire !

En avant, pour un voyage bucolique, plein de nouvelles découvertes !



A peine arrivés à terre, nous ne sommes plus décoiffés par le mistral, mais par la nouvelle de la crise financière, bon courage à ceux qui y sont particulièrement confrontés.