Chefchaouen, Maroc – Visite (28 – 31 août)

Nous partons pour 4 jours seulement pour une visite du Maroc… très dépaysante. L’appel de la mer revient fort pour que nous reprenions vite nos navigations avec Emilie.


Avant de partir en vadrouille, et malgré la compréhension généralisée du français au Maroc, nous avons appris quelques expressions en arabe. Les enfants, il faut bien prononcer toutes les lettres, à vous de jouer !


- oui : na'am, iyah


- non : la- merci : choukran, baraka hallaoufik


- de rien : afwan- bonjour : es salam alaikoum (répondre alaïkoum salam)


- Ça va ? : labès ?


- au revoir : b'slama


- c'est tout, ça suffit : safi, baraka


- d'accord : wakha (kh se prononce comme le J espagnol, r rauque)


- et enfin " In-Cha Allah ": Si Dieu le veut. Cette expression termine une grande partie des phrases. Une soumission à la volonté divine qui a façonné la mentalité marocaine.




Une fois notre Arabe révisé, direction Tetouan pour prendre un bus vers Chefchaouen. Nous conseillons aux futurs voyageurs de se rendre au terminal de la compagnie CTM, plutôt qu’à la gare routière où c’est un peu la foire d’empoigne pour trouver une place dans un bus… Les cars CTM sont tranquilles et climatisés… et à peine plus chers (mieux vaut réserver).

A 600 m d’altitude, Chefchaouen s’adosse entre deux montagnes en forme de cornes, ce qui lui a donné son nom berbère signifiant « cornes ». Pour y accéder, le bus emprunte une route unique en lacets, qui paraît interminable et qui rend la ville un peu mystérieuse… On découvre un ensemble très pittoresque. Après une montée à pic de la gare routière vers la médina, on tombe totalement sous le charme d’un labyrinthe de petites maisons blanches biscornues. Les linteaux des fenêtres et les pas des portes sont peints en bleu pour éloigner les insectes, sioux !








On ne se lasse pas de ces palettes de bleu et blanc. Les enfants, laquelle préférez-vous ?




Quand on s’est perdus et re-perdus dans les ruelles de la médina (et parfois dans quelques échoppes d’artisans !), on peut grimper jusque la place Uta-El-Hamame (place des Pigeons) et la Casbah. Jusqu’en 1970, le souk s’y déroulait. Dès le matin très tôt, les marchands de farine et les paysans berbères s’y installaient, attirant avec leur nourriture les pigeons, d’où le nom de la place. Aujourd’hui, de nombreux cafés sont la principale attraction (où l’on mange pour un prix modique). Non loin de la mosquée, de nombreux Marocains s’y retrouvent aussi pour discuter.

















La place Uta-El-Hamame




La Casbah remonte à 1471, comme la fondation de la ville. Les enfants, les casbahs jouaient le même rôle que nos châteaux en France. Résidence du seigneur, les villageois s’y réfugiaient quand l’envahisseur arrivait. Les caravanes pleines de marchandises y trouvaient également refuge et entrepôt. Cependant, contrairement aux châteaux forts en pierre, les casbahs étaient construites avec des briques faites de terre et de paille, selon un procédé très ancien. Tous ces édifices sont donc très fragiles et demandent de l’entretien. Une pluie diluvienne et tout peut être emporté.

Dans l'enceinte de la Casbah
















Les habitants de Chefchaouen sont très tranquilles et accueillants, les artisans de la médina vous harcèlent peu et proposent des prix raisonnables. Ils prennent Nicolas pour un Marocain, et insistent même parfois en lui demandant s'il n'est pas "un Français du Maroc" ?! A Séverine, ils parlent anglais...






Costumes traditionnels : la « djellaba » pour les hommes et la « fouta » pour les femmes (pièce de tissu rayée, typique de la région, que les femmes portent sur leur jupe)













Au-dessus de la ville, on peut aller voir la source (dite du loup) qui coule de la montagne. Les femmes du village viennent y laver leur linge dans des lavoirs. Comme les hommes sur la place, elles aiment s’y retrouver pour discuter, malgré l’arrivée de l’eau courante récemment dans leurs maisons. On peut même grimper un peu plus haut dans la montagne pour admirer une belle vue sur la ville.





Avant le Ramadan, les hommes s'y mettent aussi pour nettoyer les tapis


La « ville bleue » est paraît-il une des plus jolies cités de la région du Rif. Le Rif propose des surfaces variées selon les altitudes de ses régions. A l’ouest, on retrouve une végétation épineuse (sapins, pins, cèdres). De l’autre côté, il y pousse des steppes arides et des maquis.
Grâce à son cadre forestier et à la fraîcheur de l’été (frais pour le Maroc !), Chefchaouen est un lieu de vacances pour les Marocains. La côte proche de l’Europe, de Ceuta à Tétouan, est elle, largement tournée vers le tourisme international. A proximité de Chefchaouen, de très belles randonnées sont à faire. On l’a su un peu tard… Un couple de français propose de belles virées dans la nature (cascades, vue sur le Pont de Dieu, etc.) : Julian et Catherine tél. 045845008 / 079651649 ou auberge.akchour@gmail.com. Ils ont le projet de reprendre en gestion une auberge dans la montagne. Nous logions dans la médina dans la toute simple et économique Pension Mauritania. Là-bas, il est possible de trouver des camarades pour partager les frais d’une journée de randonnée.

Fès, Maroc – Visite (28 – 31 août)


Il nous faudra environ 5 heures de car pour rejoindre Fès. Cité impériale, sa fondation date du VIIIème siècle, sous Idris Ier. Fès El Bali est la plus vaste et la plus ancienne des médinas marocaines. Les 14 portes d’accès mènent à un enchevêtrement de passages, de couloirs, d’escaliers, de petites cours parfois très sombres. On entre par la porte Boujloud


Bruits, odeurs et couleurs s’emmêlent dans le tourbillon perpétuel d'une foule toujours plus dense. Mobylettes, carrioles et pauvres ânes bien chargés se succèdent d’un pas décidé, mieux vaut s’écarter de leur chemin !




































Du souk aux épices, on passe devant les étales des bouchers, ceux plus appétissants des pâtisseries dégoulinantes de miel ou de nougat très sucré. On n’oubliera pas non plus la pause thé ! Les « faux » guides et artisans sont un peu plus tenaces qu’à Chefchaouen… C’est parfois un peu étouffant et il paraît que ce fût pire, il y a quelques années !



















La religion est très présente dans la ville Sainte, ainsi plusieurs mosquées s’élèvent majestueusement au centre de la Médina. Les non-musulmans n’ont malheureusement pas le droit de les visiter.














Une des curiosités de la Médina de Fès : le quartier des tanneurs. D’une terrasse, on découvre un monde étonnant : des hommes piétinent des peaux dans des cuves, avant de les teindre, tout cela dans une odeur pestilentielle.
Les enfants, vous vous demandez peut-être, pourquoi cette puanteur ? Reprenons du début… Les peaux sont achetées à la sortie de la boucherie et apportées à la tannerie revêtues de poils.
Elles sont salées des deux côtés et étendues en plein soleil. Puis, on lave les peaux : on les met au « reverdissage », c'est-à-dire dans un bain destiné à les débarrasser des impuretés, du sel employé au début pour les conserver, et aussi à les faire grossir et gonfler légèrement.
Puis les peaux passent chez l'épileur qui à l'aide d'un couteau qu'il tient des deux mains, arrache les poils de la toison. Les peaux ainsi épilées, sont plongées dans des bassins remplis d’eau et de chaux. Les peaux devenues parfaitement nettes passent au lavage.
Pour les purger de la chaux, les tanneurs étalent les peaux dans les bassins d'eaux. Deux ouvriers piétinent les peaux en cadence. Cette opération dure environ trois heures et est très fatigante.
Les peaux subissent alors l'action de bains successifs dans les fosses : le bain de fiente de pigeons sauvages, et oui ! Et le bain de son.
Les bassins servant pour le brossage et le rinçage des peaux
Après séchage des peaux, les ouvriers procèdent à la teinture. Cette opération est pratiquée par les tanneurs eux-mêmes sur les terrasses. Les couleurs les plus fréquentes sont celle des babouches.
Les tanneurs versent la peinture par petits jets sur la peau et l'étendent sur toute la surface en frottant de la main pour la faire pénétrer, ensuite les peaux sont étendues sur la paille au soleil.
Après la teinture et le séchage, commence l’opération de lissage, avec un outil composé d'une lame de fer convexe sur une tige de bois laquelle est assemblée à une sorte d'arc en bois. La peau est étendue en long et l'ouvrier travaille courbé constamment, appliquant contre sa poitrine l'arc en bois. De la main droite, il tient la manche en fer et de la gauche la peau qu'il tend pour l'assouplir. La peau ainsi tannée, rendue à la fois souple et résistante peut être livrée à la vente.


Nico tente l’opération de lissage… qui s’avère être très physique !


Enfin, c’est fini… Ce sont les artisans babouchiers qui achètent ce genre de cuir pour la fabrication des babouches traditionnelles. Il peut aussi fabriquer d'autres articles : des sacs, des poufs, des portes monnaie, ceintures, etc. La tannerie en particulier est l'une des activités les plus importantes dans l'artisanat marocain traditionnel. Cette importance vient de ce que le Maroc a toujours été un grand pays d'élevage et que ses forêts fournissaient aux artisans les produits tannants et colorants.

L’artisanat dans sa globalité reste le moteur économique de la cité. La main d’œuvre est alimentée par un flux important de population venant des campagnes et montagnes environnantes. La médina est ainsi grouillante d’activité. Certains bâtiments sont très vétustes. Il y a quelques années, un des Directeurs de l’UNESCO a lancé un appel pour sauver une cité, chargée d’histoire. Il fût entendu puisque quelques mécènes étrangers et les autorités marocaines ont pris en main la rénovation des quartiers les plus en « danger d’écroulement ».





























Quand les Mérinides s’emparent du pouvoir, au XIIIème siècle, ils construisent une ville nouvelle en dehors de la Médina, pour leurs palais somptueux. C’est ainsi que naît Fès El Jédid, c’est-à-dire, Fès la Nouvelle. Une journée seulement en visite à Fès, nous n’avons pas visité tous ces splendides monuments, c’est à faire !

Un exemple de Palais, rénové en hôtel dans la Médina
















Retour à la Marina Smir… C’était bien le Maroc, on y retournera ?!

Vue d’ensemble de Fès, ville de plus d’un million d’habitants