« Toutes voiles dehors » pour Cuba ?


On vous a écrit un roman sur Cuba ! Il y avait en effet tant à vous raconter sur ce pays si différent de ce que nous connaissons… et qui ne laisse pas indifférent… Incroyable Histoire politique, économique et sociale de cette île, dirigée depuis 50 ans par la famille Castro aux idéaux socialistes… et poussée par les événements « dans les bras » de l’ex-URSS & de son idéologie communiste.

Le pays est aujourd’hui un mélange de modernité et d’histoire, de splendeur et de décrépitude : des immeubles en danger du Centro Habana à l’architecture coloniale majestueuse de Trinidad, du quartier chic et calme du Vedado à l’ambiance animée de la rue Obispo, à chaque coin de rue, on est surpris !

Cuba, tournée vers la mer a toujours séduit son monde, des pirates aux intellectuels, en passant par les touristes étrangers. Nous avons croisé un équipage canadien, très enthousiastes de sa découverte de la côte sud : mouillages tranquilles, barrière de corail peu visitée et pléthore de langoustes à pêcher !


Amis voileux, vous qui connaissez les Petites Antilles comme votre poche, vous ne regretterez pas ce petit détour parfois contre le vent, vers un archipel déconcertant, plein de couleurs, de vie… et de musique !

Visite de Cuba, suite et fin ! – 20 à 30 mai 2008

VINALES
Après 4 jours à La Havane, en route pour la province de Pinar del Rio, à 160 Km, à l’extrémité ouest de Cuba. Cette région bucolique est appelée « le jardin de Cuba » : elle possède 2 réserve de biosphère de l’UNESCO. Nichée en son sein, la majestueuse Vallée de Vinales, où nous vous emmenons maintenant.

Le Parque Nacional Vinales est une des plus belles régions de Cuba. Elle a été classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1999 pour ses spectaculaires rochers de calcaire, l’architecture typique de ses fermes et villages traditionnels.
En effet, les paysages sont étonnants : la terre couleur rouille se mêle à la beauté des pins, des cocotiers, des flamboyants en fleurs et des plantations de tabac bien tenues. Dans ce joli décor, émergent de petites montagnes de calcaire, appelées « mogotes », recouvertes d’une épaisse végétation. Un peu comme les « tepuys » au Venezuela, cette vallée de 11 km sur 5 était autrefois surélevée de plusieurs centaines de mètres. Il y a 100 millions d’années, des rivières souterraines creusèrent la roche calcaire et formèrent de vastes grottes. Une grande partie s’effondra, ne laissant subsister que les mogotes aux parois érodées.




Ce n’est pas une maison, mais un séchoir à tabac (« secaderos ») ! La culture du tabac exige des soins attentifs du fermier en période de croissance (plus de 150 visites, plusieurs repiquages, récolte à la main) ; les feuilles ainsi récoltées sont cousues 2 par 2 et mises à sécher pendant 50 jours sur des poteaux dans ces fameux séchoirs, orientés de façon à capter un maximum de lumière (puis les feuilles fermentent, sont re-séchées puis réunies en « balles » recouvertes d’écorce de palmier pour une période de vieillissement ; enfin elles sont expédiées aux manufactures de cigares de La Havane)



Il est possible de voir de près cette curiosité géologique et même d’y « entrer » : en barquette ou à pied, on pénètre dans des grottes géantes à la Cueva del Indio (autrefois habitée par des Indiens) ou la Cueva de San Miguel. Joli mais un peu attrape-touristes !
A voir aussi, le Mural de la Prehistoria, une peinture longue de 120 m, réalisée sur le flanc du Mogote Dos Hermanas par Leovigildo Gonzales Morillo. 15 personnes ont mis 5 ans pour la terminer. Les énormes escargots, dinosaures, monstres marins et Indiens dessinés sur la paroi rocheuse représentent… la théorie de l’évolution ! On aime ou on n’aime pas…



Cavités géantes
Le Mural de la Prehistoria











Paysages extraordinaires et aussi Vallée très vivante ! Elle abrite une population de 25 000 personnes réparties en une mosaïque de communautés, vivant de la culture du café, du tabac, de la canne à sucre, des oranges ou des bananes. En effet, là-bas, « mangez des fruits », ils sont tout simplement juteux et délicieux !


Nous ne faisons pas la promotion du tabac et son histoire, mais… le saviez-vous ? Lors de sa 1ère visite à Cuba, Christophe Colomb rencontra des sorciers indiens qui, à l’aide d’un tuyau de roseau appelé « tobago », inhalaient la fumée provenant de la combustion des feuilles séchées du « cohiba » (tabac). Plus tard, les Espagnols commencèrent à rouler les feuilles en cigares, qu’ils fumaient à l’occasion d’un rituel de divination. Le tabac (« Nicotiana tabacum ») fut commercialisé à Cuba à partir de 1580 et devint au XVIIIème siècle le principal produit d’exportation. Les cigares de Cuba sont réputées comme étant parmi les meilleurs du monde.




Nous sommes allés rendre visite à un ami de Xavier, Manuel, fermier, qui nous a accueillis dans sa maison. Il cultive le tabac, pommes de terre, manioc, etc. Le temps était très sec au mois de mai, pas de pluie depuis plusieurs mois, il était donc très inquiet de perdre toute sa récolte… et son revenu annuel. Manuel, homme de caractère, est très respecté dans son village. Il a été porteur d’un projet initié par l’Ambassade de France, soutenu par la Province de Pinar del Rio et des entreprises privées (Total, Océor, etc.) : l’électrification des maisons, grâce à des panneaux photovoltaïques. Les enfants, c’est donc le soleil qui produit l’énergie ! Après l’électricité, ils espèrent avoir un jour chez eux, l’eau courante. Là encore, le temps semble s’être arrêté… les fermiers vivent avec peu de moyens, dans des maisons très simples. Ils se déplacent à cheval, en charrette, à bicyclette ou au mieux en voiture ancestrale… et les tracteurs n’ont pas encore remplacé les charrues !
Toit de chaume « à la Cubaine »




























Vinales est aussi une jolie petite ville, fondée en 1875 : des rues tranquilles bordées de pins, où les maisons se succèdent à l’identique. Devant chaque habitation, un petit porche où leurs occupants se balancent tranquillement sur des « fauteuils à bascule ». C’est là que nous avons rencontré Zenaïda, une amie de Xavier. Comme sur les photos, elle est très vivante et toujours… morte de rire ! Zenaïda a quitté son travaille de femme de ménage pour s’occuper de sa petite fille. Sa fille est médecin-ophtalmologiste et travaille beaucoup. Toutes générations confondues, ils vivent dans la même maison.
De notre côté, nous étions hébergés à la Casa Lucy (Orlando Nodarse n°9, tél. 93214), où le petit déjeuner et la pina colada, faite de fruits frais, sont particulièrement réussis !







Zenaïda et sa petite-fille

Si vous aimez les activités sportives, vous aurez un vaste choix : belles randonnées à pied, à vélo… et à cheval ! Egalement escalade, spéléo, etc. Rien de tout cela pour nous, mais on s’est cependant intéressés à la nature, en allant visiter un jardin botanique à Vinales.






Et là, un petit jeu… qui peut rapporter gros ! Un panier garnis à gagner !! Pour celui ou celle qui saura sans faute nous communiquer le nom de la totalité de ces drôles de fruits ou de fleurs tropicales !



































DERNIERE ETAPE : CIENFUEGOS, TRINIDAD
Retour une nuit à La Havane, puis direction le Sud-Est de l’île, vers la Province de Cienfuegos. Sa capitale, la ville de… Cienfuegos (quelle perspicacité !) en impose par son architecture néoclassique bien restaurée, et ne soyons pas chauvins, son cachet… français !


En effet, la ville a été fondée en 1819 par un Français émigré de Louisiane, Louis D’Clouet, pour accueillir 40 familles originaires de Bordeaux. L’arrivée du chemin de fer en 1850, puis le développement de l’industrie sucrière favorisèrent l’enrichissement de la ville. Ainsi à la fin du XIXème siècle, les négociants fortunés de Cienfuegos firent construire de somptueux édifices, dans le style néoclassique français. Le centre-ville historique a été inscrit, en 2005, au patrimoine mondial de l’UNESCO : les fonds sont destinés à la préservation du patrimoine architectural.
Arco de Triunfo ! (commémorant l’indépendance cubaine)




A ses côtés, la Catedral de la Purisma Concepcion de style néo-classique, édifiée en 1869 (vitraux réalisés par des verriers français)





Le Teatro Tomas Terry, très bel auditorium construit en 1887, où des spectacles sont encore donnés… pour petits et grands !



Puis, on peut aller flâner le long du Prado, longue artère bordée de beaux édifices néoclassiques et de colonnes peintes dans les tons pastel, marques de l’architecture française. Ce qui a valu à Cienfuegos le surnom de « Ville des colonnes ». Assez étonnamment, le Prado se prolonge de 3 Km, telle une bande de terre dans la mer, jusqu’au quartier aristocratique, le Punta Gorda, entouré d’eau. Il offre un magnifique point de vue sur la baie, considérée comme l’une des plus belles du monde. Là, on retrouve les maisons typiques en bois de la Louisiane, aux couleurs vives et claires-voies finement ouvragées.


La mer des 2 côtés de la maison !











Un peu plus loin, on peut découvrir l’étonnant Palacio de Valle, de style néomauresque. Construit en 1917 par Acislo Valle Blanco, un Espagnol des Asturies, son ornementation est aussi foisonnante à l’intérieur qu’à l’extérieur du bâtiment. Batista voulut le transformer en casino, c’est aujourd’hui un restaurant chic.



Une terrasse où prendre un verre et où on reste apparemment en extase devant la vue sur la baie !







A Cienfuegos aussi, on retrouve les belles américaines… et on aime les couleurs vives !





Moins rigolo, au loin ont peut distinguer le dôme lugubre d’une centrale nucléaire, construite avec l’ex-URSS, mais jamais terminée… ni mise en marche…





Continuons plus gaiement vers la Province de Sancti Spiritus. Elle abrite la superbe ville de Trinidad et toute une histoire liée à l’industrie sucrière dans la Valle de Los Ingenios (« Vallée des moulins à sucre »), qui ne manque pas de charme. Ces 2 dernières ont été classées …devinez ! …au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1988. Et là, l’incroyable ville de Trinidad en a bien besoin !

La ville s’étend très largement et héberge plus de 50 000 habitants. Le centre-ville a déjà bénéficié de quelques fonds, ce qui lui va à ravir : on se croirait dans un « musée de plein air », tellement c’est beau ! Les rues pavées, les maisons hautes et colorées, arborant de longues grilles de fer forgé très travaillées, les églises imposantes aux courbes arrondies et les cours fraîches couvertes d’un toit végétal, donnent une atmosphère coloniale particulière. Le décor architectural de la ville témoigne d’un XIXème siècle opulent, où l’économie de la canne à sucre était en plein essor.
La Plaza Mayor, autour de laquelle se déploie la vieille ville


Nous avons visité Trinidad sous la pluie… les photos ne sont donc pas à la hauteur de sa splendeur ! Espérons que Manuel, à Vinales, ait pu aussi en bénéficier… et sauver ses cultures de tabac.
Le clocher jaune de l’ancien couvent de San Fransisco de Asis… transformé en musée restituant la lutte contre des bandes contre-révolutionnaires !
La Iglesia Parroquial de la Santisma Trinidad, construite en 1892





Portes fenêtres en fer forgé très travaillé, immense hauteur de plafond et intérieur coquet














Le reste de la ville est très vivante et moins bien entretenu… il nécessiterait encore d’importants efforts financiers.







De la Iglesia de Santa Ana, il ne reste que la structure





Trinidad, sa mairie, son école, son église !




Drôles de barreaux… mais non, l’école ce n’est pas une prison !


Vous cherchez un petit souvenir à rapporter ? Xavier nous a dit que Cuba n’avait pas de tradition d’artisanat, rien de très emballant à signaler... A Trinidad, vous trouverez quelques jolis nappes et chemises en lin… et surtout de nombreux CD musicaux !





En effet, à ne pas manquer : l’ambiance musicale et festive ! Trinidad est l’une des villes cubaines les plus riches pour écouter de la musique de qualité. Orchestre de salsa, spectacle folklorique, petit concert de « son » (musique populaire cubaine), il y en a pour tous les goûts ! Pour terminer la soirée, grimpez les marches menant à la Casa de la Musica, à droite de la Iglesia Parroquial, vous pourrez y danser toute la nuit !












Pour dormir quelques heures, nous vous recommandons la casa particular dans laquelle nous étions logés. 3 générations d’une même famille vous accueilleront chaleureusement. Ils proposent en outre des repas à des prix très raisonnables et de très bonne qualité. Ne manquez pas la langouste, vous serez servis plus que de besoin, la bête est cuite à souhait et fond dans la bouche… un grand moment de bonheur ! Tout cela pour 10 CUC (environ 8 euros), faut pas se priver !
Coordonnées : Liliana Jerquera Gallardo, Fernando Hdéz. Echerri n°54, e/ Piro Guinart y Simon Bolivar – Trinidad – Tél. (53) (419) 3634
Une dernière remarque : en arrivant à Trinidad, attention aux « rabatteurs » qui vous proposeront une casa ou de vous aider à trouver la vôtre… ils ne vous mèneront pas forcément à celle où vous avez réservé, vérifiez bien l’adresse de VOTRE casa !

Après une bonne langouste et une bonne nuit, reste une visite intéressante à faire, dans la campagne : celle de la Valle de Los Ingenios, à 8 Km de Trinidad. Elle témoigne de la « présence française à Cuba » : historiquement, elle remonte à 1791, lorsque la révolte des esclaves menées par Toussaint Louverture à Haïti a conduit quelques 30 000 colons français à se réfugier à Cuba. Ils mirent sur pied de nombreuses plantations de café et 50 petites sucreries. Dès la fin du XIXème siècle, la région de Trinidad produisait un tiers du sucre du pays. Puis, les plantations furent dévastées par les combats et les incendies, lors des 2 guerres d’indépendance. Il subsiste quelques petites usines, l’essentiel de l’industrie sucrière s’est déplacé à l’Ouest de l’île. L’ironie du sort fait que, Cuba autrefois 1er producteur de sucre, est obligé aujourd’hui d’en importer…

Et voici quelques traces de cette période faste passée. En voiture ou avec un petit train partant de Trinidad, un premier arrêt s’impose à la Casa Guachinango. Il s’agit d’une ancienne hacienda construite par Don Mariano Borrell, à la fin du XVIIIème siècle.













Plus à l’Est, le domaine de Macana Iznaga est assez pittoresque et laisse libre cours à notre imagination pour mettre en scène la vie des esclaves et de leurs maîtres au XVIIIème siècle. Le domaine a été fondé en 1790 par Pedro Iznaga, qui fit fortune du fait de la traite des esclaves. L’hacienda est une grande demeure colorée aux larges colonnes et arcades. La tour, haute de 44 m, servait à la surveillance des esclaves. Pour les rassembler, on sonnait la cloche devant la maison. L’ascension de centaines de marches abruptes est récompensée par un beau panorama sur une nature qui ne manque pas de cachet.

















Une sucrerie encore en activité