Venezuela – Cuba, 900 miles (6 – 13 mai)



Dur de quitter les îles tranquilles et charmantes de Los Roques… pour aller naviguer dans une mer houleuse !


Pour quitter l’archipel, il faut zigzaguer minutieusement entre hauts-fonds et barrière de corail, la couleur de l’eau et le sondeur nous aident bien !


A la sortie de la barrière de corail, Emilie s’est retrouvée bousculée par de hautes vagues qui venaient régulièrement inonder le cockpit. A l’intérieur du bateau, il faut se réhabituer à vivre avec un sol qui bascule fortement et à être déséquilibré par d’énergiques secousses. Nous naviguons cap 355 travers au vent, par une petite brise docile, soufflant à… 25 – 30 nœuds ! Même avec 2 ris dans la grand voile et le génois déployé au ¼, Emilie bat des records de vitesse. Lorsque l’on se sait bientôt arrivés au port ou tranquilles au mouillage le soir, c’est plutôt grisant de naviguer dans des conditions un peu sportives… lorsque cela dur 3 jours et 3 nuits, on fatigue ! Surtout que nous ne sommes pas très nombreux à nous relayer à la barre… le régulateur d’allure n’arrive plus à suivre, heureusement le pilote automatique a bien assuré son « quart » ! On dort mal et on mange peu… et là je sens que l’on vous fait beaucoup moins envie que lorsque nous savourions le rythme et la beauté des îles !

Heureusement, nous avons eu la visite d’une bande de joyeux dauphins, copains de jeu d’Emilie… c’est à celui qui viendra se frotter le plus proche de sa coque ou faire des bonds devant son nez !




Après la gîte et l’effort… le réconfort, c’est au vin rosé du Chili que Nico se soigne !


A l’approche des côtes de Porto Rico à l’est et de la République Dominicaine à l’ouest, le vent tourne et l’allure « portante » remet le bateau à plat, ce qui est bien plus appréciable pour la vie à bord ! Nous franchissons le Passage Mona cap 330, de nuit, ce qui ne pose pas de problème car il est large de 60 miles. Il faut juste rester vigilants car les cargos sont nombreux à défiler, direction les Grandes Antilles ou le Canal de Panama. Nous naviguons proche des côtes de la République Dominicaine que nous ne voyons pourtant pas, cachées derrière une épaisse brume de chaleur. Dommage, nous ne pourrons y faire escale, le temps va trop vite ! Proche des côtes d’Haïti et à mesure que nous nous approchons de Cuba, le vent tombe totalement et il nous faire appel à notre bon vieux moteur Perkins, qui démarre au quart de tour ! C’est parfois reposant de glisser sur une mer d’huile…


Ca c’est du cargo ! La nuit, on fait moins les malins avec ces mastodontes… surtout que l’on est tombés en panne de feux de route et de radar !


Les enfants, comme sur une voiture on a des feux : à l’avant, ce ne sont pas des phares pour éclairer la route, mais un feu rouge à gauche et un feu vert à droite, ce qui permet aux autres bateaux de nous voir et d’en déduire notre direction. Nous avons un feu blanc à l’arrière, on l’appelle le « feu de poupe ». Il existe aussi un « feu de tête de mât », tout en haut du mât que l’on allume lorsque l’on est au mouillage.
La tentative de pêche fût infructueuse, malgré un gros poisson pris, qui s’est détaché à quelques encablures de la plateforme arrière, rageant ! Et malgré la belle canne à pêche offerte par Vanessa et Mattias en Guadeloupe. Mais nous avons encore de très nombreux miles à parcourir avant de rentrer à la maison, et nous n’avons pas dit notre dernier mot !



Nous faisons cap direct 282 sur la côte nord-est de Cuba, lieu d’atterrissage choisi pour visiter le pays. Nous comptions sur nos chers alizés pour nous pousser tranquillement vers notre objectif… c’est finalement du vent secteur ouest qui se lève, en plein dans le « pif » ! Nous finirons donc notre balade en mer « au près ». Notre guide nautique, peu récent, nous indique Puerto de Vita comme porte d’entrée possible… mais reste une grande part d’inconnu sur l’accueil des autorités cubaines… Avant de partir, nous avons essayé de contacter par mail l’Ambassade de France à Cuba, le Consulat Cubain en France, l’Office du Tourisme de Cuba, et enfin la marina de Puerto de Vita pour nous assurer que nous pouvions effectuer la « clearance » là-bas… nous n’avons jamais eu aucune réponse ! Si elle s’avérait négative, nous devrions poursuivre vers La Havane, la capitale, à 400 miles de là… c’est-à-dire, 4 jours et 4 nuits de plus !

On remet les voiles !

Dans le journal anglo-saxon « Compass » distribué dans les marinas, ou sur Internet, certains plaisanciers témoignent de formalités administratives très lourdes et longues, d’autres ont même dû patienter plusieurs jours avant d’avoir le droit de mettre un pied sur le sol cubain… Cuba reste une destination rare, ces derniers mois nous n’avons croisé aucun bateau qui en avait l’expérience et pouvait nous donner des renseignements récents… que nous attend-il donc ?! La suite, au prochain épisode !

Islas Tortuga y Los Roques (27 avril – 5 mai)

Départ matinal pour Emilie à 5 h, équipage motivé pour repartir sur l’eau découvrir de nouvelles îles vénézuéliennes. Les 60 miles sont passés vite, le nettoyage de la coque a fait son effet, Emilie glisse sur les flots ! Nous arrivons vers 16h à Tortuga, un chapelet d’îles où les divers mouillages possibles sont plus sauvages les uns que les autres.



Pour une nuit, nous avons choisi celui de « Caya Heradura », proche de quelques maisons de pêcheurs, nous n’avons pas été déçus, admirez plutôt ces paysages… de rêve !








L´église et le cimetière
Un mouillage très tranquille : autour de nous, seules 2 embarcations à signaler… une « lancha de pêche » et un beau catamaran sur lequel est installé une nouvelle fois un couple de retraités heureux, des français du Jura.







Les mouettes au bec orangé s’en donnent à cœur joie



A l’ordre du jour : promenade sur les plages à l’infini de sable blanc, salutations aux pêcheurs très acceuillants et sympathiques… et petite séance de réparation d’un hublot qui prenait l’eau… et inondait la table à carte !




Un pêcheur est venu à notre rencontre pour nous demander des médicaments. Il souffrait de boursouflures blanches sur une jambe… on a ouvert notre valise de médicaments et lu de nombreuses notices. On lui a donné ce qui nous semblait le plus pouvoir soulager sa douleur à court terme… tout en lui précisant que nous n’avions aucune compétence médicale, et juste un peu de bon sens, nous l’espérons. Et avons ajouté la formule consacrée, « en cas de doute, il est indispensable de demander l’avis de votre médecin » ! Pas de docteur dans l’archipel, mais en lancha, il y a moyen de rejoindre vite le continent. Nous lui souhaitons bonne guérison !
Après seulement une journée et une nuit, il semble juste « criminel » de quitter ces îles si belles et tranquilles ! Mais le temps passe vite… et on nous avait aussi beaucoup parlé du Parc National de Los Roques. C’est parti donc vers 20h pour une nav’ de nuit et de jour, car 90 miles nous séparent de l’archipel, bordé d’une barrière de corail, à repérer à l’œil nu !




A la nuit tombante, nous repartons !






Depuis août 1972, Los Roques a été classé Parc National afin de protéger l’archipel de l’urbanisation sauvage, dont on voit malheureusement encore quelques restes sur certaines îles. Le Parc est la 5ème barrière de corail du monde par sa taille et est connue pour la grande diversité de ses espèces coralliennes. Aux Antilles, on avait été très impressionnés par les Tobago Cays, là le lagon est immense, 400 Km² qu’encerclent 42 îlots et de nombreux bancs de sable… Nous avons croisé des voiliers qui y sont restés 2 mois sans s’ennuyer, il y a en effet de quoi faire, entre voile, plongée, découverte des terres, kite-surf et pêche du « bonefish » (« macabi » ou « pez raton » en espagnol, l’un des poissons les plus difficiles à attraper au monde… et immangeable, il est très prisé des pêcheurs sportifs !).

En voilier, mieux vaut arriver de jour pour ne pas louper la « passe » au travers de la barrière de corail. Puis, grâce aux jeux de lumière et palette de couleurs turquoise, on repère vite les hauts-fonds, bancs de sable et patates de corail… attention, le GPS est connu pour être inexact dans la zone !
On peut aussi suivre de loin les nombreux bateaux à moteur vrombissants, venant pour la plupart de Caracas et pressés d’arriver… tout en n’oubliant pas qu’ils n’ont pas le même tirant-d’eau ! On en a vu défiler une bonne douzaine… nous novices, on restés concentrés et ébahis par la beauté de ces eaux turquoises transparentes, bordées de sable blanc… à des Km² à la ronde !
Une épave abîmée par le corail, gare aux étourdis !







On s’est dirigés vers le petit village pittoresque de Gran Roque. On s’est fait une petite frayeur au moment d’allumer le moteur, alors que nous nous préparions à mouiller… On ne sentait pas le bateau répondre comme il en a l’habitude… on a déposé l’ancre tant bien que mal et Nico a tout de suite plongé… un filet en plastique rigide (style sac à pommes de terre) s’était accroché à l’hélice et gênait sa rotation, quelle saleté ! Mais ouf, ce n’était finalement pas grand-chose… Puis Emilie semblait tout à son aise dans cette eau claire à 2,5 m de fonds de sable fin… et s’est fait quelques amis, les mouettes !



Le village est très pittoresque : une succession d’anciennes maisons de pêcheurs colorées ont été transformées en « posadas » pour les touristes, mais tout en gardant un certain cachet. Les chambres sont un peu plus chères que sur le continent, ce qui semble parfaitement normal, mais beaucoup moins que ce que l’on nous avait dit. Pour l’équivalent de 30 à 40 euros par jour et par personne, on trouve une formule en pension complète. Nous avons croisé quelques touristes français bien sympas qui semblaient très contents de leur semaine de vacances dépaysante, au soleil ! On peut le comprendre, tous les jours, une lancha les emmenait sur une île différente à explorer. A cela, vous ajoutez tout de même un Paris-Caracas à 400 euros environ et un Caracas-Los Roques à 80 euros, et voici une destination que nous proposons… à quelques parisiens stressés ou normands en panne de soleil ?!




Après avoir flâné dans les rues faites de sable, on peut grimper sur la rocaille jusqu’au phare pour une vue agréable sur l’archipel. Quand il se fait tard, pour changer de notre terrasse flottante, on allait siroter une « Polar Light » (bière locale !) dans des « pouffes » sur la plage…
Les enfants, voici l’école !

L’église, restaurée depuis peu, est très particulière : ses parois latérales basculent vers l’extérieur et l’entrée est située sur la plage… idéale, pour ceux qui souhaitent se marier sous les cocotiers !




































La pêche est interdite dans le Parc (sauf celle du « bonefish » qui est rejeté à la mer), on peut donc s’en procurer auprès des pêcheurs locaux








Mouettes et pélicans font la mêlée !











Le 1er mai fêté en beauté aux Roques, elle est gâtée et elle est contente la Séverine, pour son anniversaire !





Puis après un dernier plein de légumes et fruits frais, nous nous sommes dirigés vers l’île de Francisqui. Ce n’est pas le mouillage le plus sauvage, loin de là… mais ce « cayo » nous a bien plu avec sa « Piscina » par derrière et sa mangrove par devant, où l’on peut faire du « PMT » (palme…). Les fonds ne sont pas exceptionnels, le corail un peu abîmé et la faune disparate. Il y a sûrement mieux ailleurs, mais en 6 jours, nous n’explorerons pas davantage l’archipel… On se dit, qu’on en laisse pour une prochaine fois !

C’était bien sympa de retrouver Elisa et Benoît, logés à Gran Roque, sur l’île de Francisqui… et de les accueillir à bord, avant une petite séance de « PMT » (palme…) !








Emilie toujours bien entourée… par plus grand qu’elle !








Après la frime sur la plage, Nico est monté faire le « kéké » en haut du mât… pour quelques belles photos « vue du ciel » !










Demain, nous préparons Emilie à une navigation d’une dizaine de jours pour Cuba (plats cuisinés, route sur les cartes nautiques, rangement de « tout ce qui traîne » dans les équipés, etc.). Nous quittons ce petit paradis après-demain, déjà…



Le temps passe si vite, snif !